Les requins sont sexuellement dimorphes, c’est-à-dire qu’il existe des différences visibles entre les mâles et les femelles. Les mâles, comme celui de la photographie, possèdent des ptérygopodes (nageoires pelviennes modifiées) pour introduire le sperme dans la femelle.
Les ptérygopodes sont durcis par le cartilage calcifée. La présence ou l’absence de ptérygopodes facilite la détermination du sexe du requin. Les mâles possèdent aussi une paire de testicules; cependant, le droit est toujours plus développé que le gauche, qui peut être plus petit ou tout simplement absent.
Les testicules sont internes; ils sont situés près des reins. Les tractus urinaire et reproductif se rejoignent pour former le sinus urogénital, d’où le sperme est libéré dans le sillon d’un ptérygopode, qui est introduit dans la femelle lors de la copulation.
Les femelles ne possèdent pas de ptérygopodes; elles ont à la place un cloaque qui ouvre entre les nageoires pelviennes. Les ovaires, internes, sont pairs, mais, tout comme pour les testicules des mâles, le gauche est généralement plus petit; en réalité, l’ovaire gauche produit très peu d’œufs, ou même aucun.
Une fois les œufs fécondés, une membrane ou coquille cornée se forme autour de chaque œuf. Chez certains requins, la membrane est dure et protège les jeunes, tandis que chez d’autres requins, la membrane est mince et vestigiale. Dans le dernier cas, les jeunes se développent et éclosent dans la section utérine de l’oviducte. Les œufs et les oothèques (sacs ovigères) diffèrent grandement selon les espèces; le diamètre des œufs peut être de 60 à 70 mm et les oothèques peuvent mesurer jusqu’à 300 mm de longueur. Ces sacs peuvent avoir la forme d’une fusée ou d’un sac à main, et porter des vrilles et des crochets.
Durant la copulation, les requins sont face à face. Sur la photographie, on peut voir le mâle introduire un de ses ptérygopodes dans le cloaque de la femelle. Le sperme, contenu dans des capsules appelées spermatophores, est introduit dans la femelle par un sillon du ptérygopode. Les spermatophores sont éjectés avec force par des sacs musculaires qui se contractent et produisent des courants d’eau.
Une autre différence marquée entre les requins mâles et femelles est l’épaisseur de la peau. Ens quelques espèce (comme le requin bleu), la peau de la femelle est deux fois plus épaisse que celle du mâle; on pense que c’est une mesure de protection contre la violence de l’accouplement: les mâles mordent souvent avec force les femelles durant la copulation face à face, et sans cette épaisseur cutanée supplémentaire les femelles seraient gravement blessées.
Le comportement de copulation des requins peut être très complexe, et on pense qu’il existerait une certaine sélection des partenaires chez certaines espèces. Les sexes vivent souvent séparés et ne se mêlent que pour s’accoupler. Lors de l’accouplement, des rassemblements peuvent se former. Par exemple, on voit des requins-pèlerins nageant en formation circulaire, comme sur l’image. Le but exact de ce comportement est inconnu; cependant, on est certain qu’il est relié à l’accouplement.
Développement
Les requins ont trois modes de reproduction. En général, la plupart des requins mettent bas des petits tout formés, mais certaines espèces pondent des œufs. Le mode de reproduction le plus fréquent est la viviparité: les embryons sont nourris et grandissent dans l’utérus de la mère. La nutrition de l’embryon peut être assurée par une sécrétion appelée lait utérin ou par un placenta.
Le requin-marteau sur l’image est un exemple de développement vivipare. Le placenta de ce fœtus devait être relié à la paroi utérine de la mère.
Le deuxième mode de reproduction est l’ovoviviparité, qui ressemble à la viviparité, car les œufs sont fécondés, éclosent et grandissent à l’intérieur de la femelle. Cependant les embryons ne sont pas nourris directement par la mère, à l’exception de l’apport initial au moment de la formation de l’œuf. Chez certaines espèces, les jeunes peuvent obtenir leurs substances nutritives en mangeant les œufs nouvellement formés, les embryons plus petits et moins développés ou leurs frères et sœurs. Ce phénomène est appelé oophagie.
Exemple de développement ovovivipare. Notez la vésicule vitelline qui ressemble à un gros ventre distendu accroché sous l’embryon de requin-taupe commun.
embryon de aiguillat noir
Le troisième et dernier mode de reproduction est l’oviparité; les requins pondent leurs œufs dans des oothèques et les libèrent dans l’océan sans aucune protection ou nourriture. Les œufs, comme ceux de cette image, font l’objet de prédation, car ils doivent grandir sans aide parentale.
Sac ovigère d'une rousette de profondeur
Embryon d'une rousette de profondeur à l'intérieur du sac ovigère. À noter la grande vésicule vitelline qui nourrit l'embryon pendant qu'il se développe dans le sac ovigère.