ATTENTION FAUNE LOCALE FRANCAISEDESCRIPTIONCorps épais chez les vieux individus, plutôt grêle chez les jeunes.
Tête courte, ovale ou subtriangulaire, plate, àmuseau petit et arrondi.
Œil moyen, mais proéminent ; pupille ronde.
Écailles dorsales fortement carénées, sur 19 à23 rangs ; 142 à 163 ventrales, 44 à 73 paires de sous-caudales.
Anale divisée.
Frontale en écusson plus long que large ; grandes pariétales, 3 fois plus larges ensemble que la frontale.
Supraoculaires directement en contact avec cette dernière.
Loréale à peu près aussi longue que haute.
Généralement 2 (parfois 1) préoculaires, et 2 (rarement 3) postoculaires.
1 grande temporale suivie de 2 ou 3 plus petites.
Rostrale petite, presque invisible de dessus.
7 supralabiales, la 3e et la 4e en contact avec l’œil.
Très grande variation de coloration et d'ornementation, sauf en limites de l'aire de répartition (Schâtti, 1982).
Dos brun grisâtre, olivâtre, roussâtre, jaune soufre, ocre, orné d'un zigzag vertébral sombre très vipérin, ou d'un damier avec des rouges, des jaunes, des noirs, des verts (chaque couleur foncée mettant en valeur une plus claire), ou encore de lignes longitudinales jaunes (Corlieux & al., 1980, indiquent que cette variété représente 30% de la population en Charente-Maritime et seulement 12% au centre de la Vendée ; De Haan (coin. pers.) cite ce type de robe comme fréquent en Corrèze et dans le Gard).
Eventail de marques noires partant bien souvent de la frontale vers les temporales et les labiales, en s'élargissant.
Présence quelquefois d'un collier jaune et noir (les bandes claires formant souvent un W aux barres rectilignes et non en croissant comme chez N. natrix).
Labiales jaunes et brunes.
Ocelles noirâtres à centre jaune sur les flancs, alternant avec les marques dorsales.
Damier ventral blanc jaunâtre et noir bleuté semblable à celui de N. natrix; le ventre peut également comporter quelques taches sombres sur fond clair, ou être entièrement noir avec seulement le bord des ventrales blanc. Iris jaune ou brun rouge et noir.
Les individus mélanisant ne sont pas rares. Cas d'albinisme signalés par Rollinat (1934) : coloration de fond blanc crème, peu tachée sur le dos, iris jaune.
Les adultes mesurent en moyenne entre 540 et 700 mm. Angel (1946) signale une taille maximale de 830 mm pour les mâles, alors que Schâtti (50) donne 603 mm pour un individu suisse. Ce dernier auteur indique 925 mm pour les femelles, Angel 960 mm, et Bruno & Maugeri (1977) une taille incroyable de 1 300 mm ! De Haan (coin. pers.,) a mesuré dans le Gard une femelle de 1 050 mm.
RÉPARTITIONAire s'étendant en Europe méridionale (Espagne, Portugal, France, Sud-Ouest
de la Suisse, Nord-Ouest de l'Italie, Sardaigne, Baléares) et au Nord de l'Afrique (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye).
En France, présente avec certitude au Sud d'une ligne sinueuse Pontivy - Laval Châteaudun - Montargis - Melun SaintDizier - Pontarlier, sauf dans quelques départements où elle existe certainement mais n'a pas encore été signalée.
Présence douteuse en région parisienne et dans le Nord.
Un îlot de répartition semble exister en HauteNormandie, en particulier dans le Parc régional de Bretonne, mais je ne l'ai jamais observée en Seine-Maritime.
Parent (1975, 1981) affirme son absence dans la vallée de la Moselle française et en Alsace.
Serait présente à l'île d'Yeu et à l'île du Levant, mais absente de Corse.
La limite Nord de l'aire française reste à préciser.
MILIEUEspèce aquatique s'éloignant rarement des points d'eau.
Peut se rencontrer dans les rivières, les torrents (même très rapides), les ruisseaux, les mares, les étangs (Sologne, Brenne), les marais, les marais salants, les canaux d'ostréiculture (Charente-Maritime), les abreuvoirs, les rizières (Camargue).
Signalée jusqu'à 1 500 ni dans les Pyrénées (1 650 ni au Portugal, 2 250 ni dans le Haut-Atlas).
Va parfois en eau saumâtre présentant une salinité très forte.
STRUCTURE DES POPULATIONS.TERRITOIREOn observe parfois dans le Tarn des colonies d'une dizaine d'individus vivant dans une même souche creuse sur une plage ou émergeant à moitié hors de l'eau.
Livet (26) note dans l'Hérault des densités d'une trentaine d'individus àl'hectare.
Cohabite avec N. natrix.
ALIMENTATION
Régime des Vipérines âgées : Amphibiens adultes (S. salamandra, Triturus sp., Pelobates cuItripes, Pelodytes punctatus, Hyla meridionalis, Rana sp., B. bufo, B. calamita, Alytes obstetricans, Discoglossus pictus), têtards, oeufs (Alytes obstetricans) ; poissons (vairon, P phoxinus; goujon, G. gobio ; truite, Salmo trutta ; Chevaine, Leuciscus cephalus; gardon rouge, Scardinius erythrophtalmus) ; sangsues (d'après Salvador, 1985), Insectes aquatiques (Hydrophilidae), lézards ? (Ertler, 1954). Les jeunes mangent des Arthropodes, des têtards, des Lombrics.
D'après Blanc (1981), le comportement alimentaire de N. maura peut se résumer ainsi :
approche de la proie grâce à l'odorat, aux vibrations, à la vue ;
saisie de la proie cri un endroit indifférent du corps ;
déglutition après réajustement préalable pour les grosses proies (manoeuvre des mâchoires pour atteindre la tête).
Aglyphe et non constricteur, ce serpent a parfois du mal à maîtriser les grosses proies, et en particulier les grenouilles vertes ou rousses.
La gueule distendue à l'extrême, lentement, par des mouvements alternés des mâchoires, il effectue l'incroyable déglutition.
L’Anoure, saisi à plein corps par les petites dents, va être lentement orienté pour que son ingestion commence par la tête ; 5 fois, 10 fois, la victime réussira à se dégager par une brusque détente des pattes postérieures et tout sera à recommencer : l'approche silencieuse, l'attaque foudroyante, le jeu patient et efficace des mâchoires...
Si la proie est petite, la vipérine pourra tres bien l'avaler sous l'eau ; dans le cas fréquent d'un animal un peu gros, elle préférera remonter sur la berge (on peut alors la voir tête dressée audessus de l'eau comme N. natrix, sa proie se débattant en travers de sa gueule, traverser la
rivière jusqu'à un bord en pente douce), où sa supériorité sur une espèce à respiration souvent branchiale sera décisive.
En été, la voracité de la vipérine n'a pas de limites : elle peut avaler une dizaine d'Urodèles ou 2 gros poissons en quelques minutes.
En état de diète, elle reste très longtemps immergée, fouillant entre les pierres et réagissant au moindre mouvement se produisant dans l'eau.
Naulleau (34) indique que sa langue sortie et en mouvement dans sa chasse sous l'eau sert de leurre pour capturer certaines proies.
MŒURS.CYCLE ANNUEL D'ACTIVITÉEspèce diurne, peu farouche et presque exclusivement aquatique.
Peut nager très longtemps sous l'eau, tête immergée.
Passe souvent pour une anguille lorsqu'elle remonte un torrent au ras des galets.
Mord très rarement et le plus souvent attaque en frappant avec le museau clos.
Mimétisme avec les vipères accentué lorsqu'elle est en colère : corps devenant épais, arrière de la tête gonflé rendant celle-ci triangulaire, souffle bruyant et impressionnant.
Emission de matières cloacales malodorantes lorsqu'elle est saisie.
Adopte à terre, suivant les circonstances, deux types de locomotion : déplacement en S comme les autres Colubridés, ou en J (lancement du corps en avant avec appui sur le cou) comme les Vipéridés (Koppel, 1979).
Peut simuler la mort.
En été, chasse activement, reste longtemps (15-35 mn) sous l'eau, cachée sous des pierres ou dans des végétaux, ou se chauffe au soleil sur une souche ou une butte.
Son appétit diminue fin août, pour être presque nul en octobre.
Puis hibernation jusqu'en mars-avril, seule ou avec d'autres Serpents, dans un trou quelconque, une anfractuosité, une galerie de Rongeur.
Profite cependant du moindre rayon de soleil pour aller boire ou se chauffer.
A une extrême résistance au froid.
Les mâles sortent au printemps les premiers, dès que la température de l'abri est supérieure à 10 °C (Duguy & Saint Girons). D'après Guillaume (1975), la température corporelle des vipérines en phase active est en moyenne de 24,4 °C.
Mue jusqu'à 5 fois pendant la belle saison.
DIMORPHISME SEXUELMâles :
plus petits ; queue élargie à la base, représentant 1/4 à 115 de la longueur totale ;
Femelles :
queue mesurant environ 115 à 1/6 de la longueur totale ; ventrales et surtout sous-caudales un peu moins nombreuses.
REPRODUCTIONMaturité sexuelle atteinte à 3 ans chez les mâles, vers 4-5 ans chez les femelles.
Premiers accouplements au printemps (première quinzaine d'avril), puis parfois d'autres avant l'hivernage (fin septembre - début octobre) (Duguy & Saint Girons, 1966).
Une seule ponte annuelle, de juin à août, parfois dans un terrier abandonné.
De 4 à 24 ceufs, blanc jaunâtre, parcheminés, oblongs (12-18 mm x 23-30 mm), non collés entre eux.
Eclosions d'août à octobre (durée d'incubation : 49-62 jours).
Les couleuvreaux mesurent 140 à 180 mm dont 30 à 41 mm de queue.
La dent de l'oeuf tombe dès le lendemain ou jusqu'à 5 jours après l'éclosion.
Les premières mues ont lieu pendant les 14 à 20 jours suivants et sont comme un déclic pour la recherche de proies.
DÉFENSESerpent aglyphe, totalement inoffensif pour l'Homme.
PRÉDATEURSSoumise aux prédateurs habituels des Serpents : Ardéidés, musaraigne aquatique, Rapaces,...
Peut-être certains gros poissons mangent-ils occasionnellement des couleuvreaux.
Guillaume cite Malpolon monspessulanus comme prédateur de cette espèce en Camargue.
STATUTCette espèce est certainement menacée du fait de l'empoisonnement des poissons par les insecticides, les désherbants, les pollutions industrielles, les égouts, etc.
Elle est souvent tuée par les pêcheurs qui la confondent avec un Vipéridé ou lui reprochent de manger " leurs " poissons.