ATTENTION FAUNE LOCALE FRANÇAISE
DESCRIPTION
Corps très allongé, mince ; queue effilée, en fouet (d'où ses noms vernaculaires).
Tête longue, étroite, bien distincte du cou, à museau rond.
Œil non saillant, peu visible de dessus, bien que d'un diamètre relativement important.
Écailles dorsales longues, arrondies postérieurement et présentant 2 dépressions apicales, sur 17, 19 ou 21 rangs à mi corps.
Ventrales lisses,aux nombre de 160 à 230 ; 95 à 113 paires de sous-caudales.
Anale divisée.
Frontale en écusson pointu postérieurement, plus long que large.
Grandes pariétales, d'une longueur double de celle des préfrontales.
Loréale un peu plus (ou aussi) longue que large, en contact avec les supralabiales 2 et 3.
Rostrale moins haute que large de moitié, bien visible de dessus et s'insinuant plus ou moins entre les internasales ; 2 ou 3 postoculaires et 1 grande préoculaire (cassée au canthus rostralis).
Généralement 1 petite pré-suboculaire s'insinuant entre les supralabiales 3 et 4 : 1 grande préoculaire largement en contact avec les préfrontales ; 2, rarement 3 postoculaires. 2 + 2 ou 2 + 3 temporales.
8 supralabiales (4 et 5 touchant l’œil).
Dos vert sombre ou noir, orné de taches ou traits jaune verdâtre, soufre, disposés en une vingtaine de lignes longitudinales discontinues, sauf sur la queue et l'arrière du tronc.
Le jaune prédomine quelquefois et semble être la couleur de fond.
Parfois au contraire existe chez certains individus une tendance mélanisante (constante dans les populations italienne et adriatique de la s.s.p. carbonarius).
Tête noire décorée de petits traits ou points ou virgules sur chaque plaque ; rostrale souvent jaune ; préoculaires, postoculaires et supralabiales jaune vif tachetées plus ou moins de macules noires ; virgules jaunes sur les internasales, préfrontales et pariétales.
Face ventrale jaune sale, verdâtre, blanchâtre, à reflets bleus, verts ou rougeâtres.
Macules grisâtres sur les ventrales externes.
Dessous de la queue jaunâtre, non taché. Iris brun verdâtre, mordoré.
Chez les juvéniles, la tête est de coloration voisine de celle des adultes, mais les taches claires sont moins nombreuses et plus pâles ; dos gris bleu tacheté de brun, ventre blanc jaunâtre.
Cette robe dure 2 à 4 ans, puis le jaune devient plus vif et les dessins se précisent.
Longueur totale de 1000 à 1 300 mm, dont 300 mm en moyenne pour la queue. Atteint exceptionnellement 2 000 mm.
RÉPARTITIONAire relativement petite couvrant le Nord-Est de l'Espagne, une partie de la France, le Sud de la Suisse, le Nord-Ouest de la Yougoslavie, la Corse, la Sardaigne, la Sicile, Malte et différents îlots tyrrhéniens.
La répartition de la forme nominale en France morcelée en quatre blocs (Ouest, Sud-Ouest, Corse et îlots satellites, Nord-Est à Sud-Est) semble obéir à deux phénomènes contradictoires : une extinction récente au Nord-Ouest et au Nord-Est (Parent, 1981) et une colonisation actuelle vers le Nord, et en particulier en Bretagne (Matz in Doré, 1979).
Elle apparaîtrait depuis une quinzaine d'années vers Rennes.
Un pont relierait le bloc Sud-Ouest au bloc oriental au niveau de la Lozère et du Sud de l’Aveyron. On peut s'interroger sur l'existence relique de populations au Nord de la Loire qui prendraient aujourd'hui de l'extension en éliminant des espèces concurrentes (Vipera aspis, Coronella austriaca, Elaphe longissima) ou bien d'une véritable colonisation nordique avec passage récent du fleuve, comme le prétend Doré.
Présence à confirmer dans l'Ouest du Loiret (Berger & al., 1985). Grangé (1982) confirme sa présence au Nord jusque dans les Ardennes (vers Flavion) et dans l'extrême Sud-Est de la Marne. Elle pourrait, selon Parent (37), avoir disparu de la Meurthe-et-Moselle ; cet auteur cite un spécimen en collection provenant de Thionville (Moselle) et un autre des Vosges.
Il s'interroge également sur la présence de l'espèce à Port-Cros, alors que Delaugerre (1983) ne la cite pas comme entrant en compétition alimentaire avec Elaphe scalaris et Malpolon monspessulanus.
Elle serait présente un peu partout en Corse jusqu'à une altitude de 1 350 in (Col de Vizzavona, Mont d'Oro).
Michelot (1980) la donne des maquis sur dunes littorales du Nord et de l'Est de l'île, et Delaugerre comme abondante de tous les milieux ouverts de la Vallée d'Elbo à l'Ouest. Elle réussit à vivre dans les conditions difficiles de 9 îlots satellites (selon Lanza et al ; Delaugerre)
Nord: Giraglia.
Sud-Est : Cerbicales Forana, Piana), Farina, Cavallo, Lavezzi, Giacinto Paoli.
Sud-Ouest: Sanguinaires (Mezzomare). Ouest: Scandola (Gargalo).
A propos des spécimens observés dans les Cerbicales et les Sanguinaires, Lanza (1972, 1976) émet l'hypothèse d'une possible sub-spéciation.
Parent pose la question de la pénétration possible de la sous-espèce carbonarius dans les Alpes-Maritimes, alors que Beck ne signale pas une telle éventualité.
MILIEUFréquente les endroits chauds et secs, broussailleux des lisières des bois, des éboulis rocheux, des maquis, des bords de chemins.
Parfois aussi, se rencontre dans des lieux plus humides : prairies, bords de rivières.
D'après Knoepffler, elle dépasse 1 500 m en Provence.
Livet (26) l'indique comme une espèce montagnarde de moyenne altitude dans l'Hérault, et plutôt de plaine dans le Tarn et la Haute-Garonne.
Doré (1979) l'a observée à plus de 700 m dans la vallée de la Cère (Cantal), et écrit que plus au nord, elle atteint difficilement 400 m.
Elle atteindrait 1 500 m d'altitude sur le flanc nord du mont Canigou (Pyrénées-Orientales) (Fons, 1975).
ALIMENTATIOND'après Naulleau (34), elle chasse ses proies à vue. Son régime se compose de petits Mammifères (Apodemus, Rattus, Mus, Microtus, Sorex, Neomys, Crocidura, jeunes Mustélidés, Chiroptères), d'oiseaux dénichés au sol ou dans les branches, de Lézards (Phyllodactylus europaeus et Podarcis tiliguerta sur les îlots corses ; Podarcis muralis, Lacerta viridis, Anguis fragilis, ... ), de Serpents, y compris de sa propre espèce.
Duron & Acolat (1956), ainsi que Vanni & Lanza (1977) signalent que la couleuvre verte-et-jaune peut manger occasionnellement des vipères aspics.
Baron (coin. pers.) l'indique comme principal prédateur de Vipera ursinii dans les Alpes-Maritimes. Mangerait des Amphibiens (44).
Les juvéniles se nourrissent essentiellement d'Orthoptères et autres Insectes, ainsi que de Lézards et leurs œufs.
C'est une espèce qui tue ses grosses proies par constriction et, très vorace, peut absorber en été d'énormes quantités de proies.
D'après Rollinat, un gros lézard vert attaqué par elle lui fait face et l'oblige à le laisser tranquille en la mordant violemment à la gorge.
DIMORPHISME SEXUELMâles :
plus grands ; tête plus massive
160 à 208 ventrales, 102 à 108 paires de sous-caudales.
Femelles :
208 à 230 ventrales, 95 à 113 paires de sous-caudales.
REPRODUCTIONViolentes et nombreuses bagarres entre mâles ou entre mâles et femelles à l'époque des amours.
Accouplements dans le courant de mai, avec enroulement des 2 partenaires qui gardent alors la tête dressée ; le mâle, qui pendant ces préludes maintenait fermement sa femelle au cou par les mâchoires, abandonne cette prise pendant . la copulation et n'est plus " ancré " à elle que par son pénis introduit.
Lataste précise que la séparation est parfois ensuite " difficile, même tragique, le mâle étant quelquefois dévoré par son épouse ".
Cette observation parait douteuse et n'a pas été reprise par d'autres zoologistes.
La ponte a lieu en juin ou juillet, parfois même en août ou septembre, dans des anfractuosités bien abritées.
Sont déposés 5 à 15 œufs oblongs, de 14-22 mm sur 28-40 mm de diamètre, blanchâtres, facilement reconnaissables aux concrétions étoilées de l'enveloppe externe. Incubation de 6 à 7 semaines.
MŒURS.CYCLE ANNUEL D'ACTIVITÉEspèce diurne et terrestre.
Bonne grimpeuse, se perche souvent sur de petits arbustes pour se chauffer au soleil.
Elle tolère une température environnementale de 37-38 °C (Naulleau).
Facilement irritable, mord avec autant de hargne ses ennemis que ses congénères, quel que soit le sexe : l'avant du corps dressé haut au-dessus du sol, fait face à son adversaire et, sans attendre qu'il ait fait un mouvement agressif, lance sa tête en avant, gueule ouverte.
Plutôt discrète, elle fait beaucoup de bruit lorsqu'elle fuit dans les herbes en fouettant celles-ci de sa longue queue.
Sa période de plus grande activité se situe de mai à août ; elle commence à perdre l'appétit en septembre.
Elle se retire dès ce mois ou en octobre dans une souche pourrie ou dans un trou dans le sol.
Elle sort parfois de son hivernage en plein hiver pour boire et se chauffer.
Elle hiverne seule ou avec d'autres individus de son espèce, ou encore, selon Naulleau, avec des couleuvres d'Esculape.
Elle quitte son abri en mars-avril, et recommence alors à se nourrir.
Selon son état de santé, elle mue 4 ou 5 fois pendant la belle saison.
DÉFENSESerpent aglyphe pouvant cependant infliger à l'Homme des morsures douloureuses et fréquentes en raison de son caractère très agressif.
STATUTEspèce peut-être disparue de certaines zones du fait de l'altération de ses biotopes et de la disparition de ses proies.[/b]